La « mondialisation » est un mot très à la mode actuellement dans les discours et les publications sur le monde des affaires. Que signifie-t-il pour les entreprises du monde entier ? Que représente la « mondialisation » pour les salariés de ces entreprises ? La réponse dépend du degré d'internationalisation de chaque entreprise et de l'expérience qu'elle a pu acquérir. Il serait trompeur et simpliste de classer toutes les entreprises en deux catégories - nationales et internationales - et de leur conseiller de se mondialiser au plus vite. Dans cet article, on verra qu'on doit distinguer quatre phases d'internationalisation, chacune de ces phases ayant des implications particulières pour la gestion des différences culturelles. La capacité des entreprises à atteindre leurs objectifs étant liée aux capacités de leurs salariés, on mettra en lumière les exigences de la mondialisation sur les hommes. Enfin, en étudiant les expériences vécues par des entreprises internationales de premier plan, on proposera des conseils pour une politique du personnel.
Les quatre degrés de l'internationalisation
Nancy Adler, professeur à l'université McGill au Canada, distingue quatre catégories d'entreprises selon leur degré d'internationalisation 1.
1) Les entreprises nationales visent leurs marchés intérieurs, mais il leur arrive aussi d'exporter des produits dans d'autres pays. Elles ont tendance à centraliser leur organisation autour de compétences propres. Leurs valeurs sont celles de leur pays d'origine et elles attendent de leurs clients étrangers qu'ils s'y adaptent.
2) Les entreprises plurinationales opèrent dans plusieurs pays différents en y produisant et en y vendant des biens répondant à une demande locale. Chacun de ces marchés devant être géré séparément, ce type d'entreprise fonctionne de manière relativement décentralisée. Au siège central, la gestion des affaires internationales est confiée à une équipe spécifique. Ces entreprises doivent être sensibles aux différences culturelles car elles doivent traiter chaque marché séparément.
3) Les entreprises multinationales possèdent des infrastructures dans plusieurs pays différents. Elles les utilisent pour réaliser des économies d'échelle et répondre aux besoins des marchés internationaux. Cette stratégie requiert une centralisation forte et une organisation à l'échelle internationale. Dans leur recherche d'économies d'échelle, ces entreprises ont tendance à minimiser les différences culturelles.
4) Les entreprises transnationales ou mondiales : le monde est pour elles un vaste marché où diffuser leurs idées, produire et distribuer des produits et des services. Leur objectif est de parvenir au « sur mesure de masse », en étant à la fois à l'écoute des besoins spécifiques locaux ou régionaux et à la pointe des ressources et de la production au niveau mondial. Leur double maxime est « penser local, agir mondial ; penser mondial, agir local ». La contrainte structurelle est complexe. Les compétences sont distribuées dans le monde entier plutôt que concentrées au siège (comme dans la phase multinationale), elles doivent être coordonnées à des fins de synergie plutôt que gérées séparément (comme dans la phase plurinationale). La sensibilité aux différences culturelles est essentielle au succès des entreprises de ce type.