La France compte-t-elle toujours dans les relations internationales ? Du Sahel à l'Indopacifique, du Liban aux arcanes de l’Union européenne ou des Nations unies, cette interrogation traverse le pays. Entre peur du déclin et narcissisme naïf, mesurer le poids politique de Paris dans un monde de l'après-guerre froide, postaméricain, posthyperterrorisme, postcovid est une gageure.
Un exercice de l’entre-deux
La France n’est ni une puissance négligeable, ni un acteur omnipotent si on la regarde au prisme des géants que sont les États-Unis ou la Chine, peut-être encore la Russie sur certains plans, et demain sans doute d’autres, comme l’Inde.
« Ni ingérence ni indifférence » en Afrique, disait-on au tournant des années 2000 lorsque Lionel Jospin était Premier ministre. « Amis, alliés, mais pas alignés », disait à la même époque, Hubert Védrine, alors ministre des Affaires étrangères, sur la relation aux États-Unis. Ni « superpuissance » ni « petite » puissance, le statut de la France se définit souvent en creux. La France conquérante du Roi-Soleil et de Napoléon, qui multipliaient les guerres, n’est plus. Ni celle de Clémenceau, vainqueur de la Première Guerre mondiale au prix d’une saignée dont le pays ne se remettra jamais vraiment. Ni, enfin, celle du général de Gaulle, qui contestait la division du monde en deux blocs, occidental et soviétique.