Au Nord-Ouest de l’Amazonie, à la frontière de la Colombie et du Pérou, les tambours du peuple Bora résonnent pour envoyer des messages sur des dizaines de kilomètres de distance. Dans une publication de la revue Royal Society Open Science, une équipe de chercheurs a décrypté la construction de ce langage singulier, appelé le manguaré. En s’appuyant sur un corpus de ces missives sonores, les linguistes ont comparé les séquences de battements de tambour avec les caractéristiques tonales et rythmiques du langage bora parlé. À la différence du morse, qui s’appuie sur un alphabet pour coder les mots, ce système de communication par tambours imite acoustiquement ce que l’on ressent au niveau rythmique lorsqu’on entend la voix humaine. C’est ainsi qu’un coup de tambour correspond à une syllabe et que la durée entre deux coups correspond à l’intervalle entre deux débuts de voyelles dans la parole. Les intonations de la langue parlée sont également retranscrites par des variations acoustiques : un tambour mâle est utilisé pour les sons graves et un tambour femelle plus petit pour les sons aigus.