Le poil descend de l'homme

Si l’homme est, selon la formule de Desmond Morris, un « singe nu », il ne l’est pas complètement : cheveux, sourcils et poils témoignent d’une certaine pilosité, inégalement fournie et répartie selon les types physiques, l’individu, l’âge et le sexe. La plupart des études scientifiques s’appuient sur l’idée commune que cette pilosité est un vestige du passé animal de l’espèce humaine, dont il s’agit d’expliquer à la fois la perte et la persistance dans certaines zones du corps. Pourtant, signale Priscille Touraille dans un malicieux article, le grand Darwin lui-même doutait fortement que la sélection naturelle ait pu agir en faveur de la nudité du primate humain. Ses raisons étaient multiples, et s’appuyaient en partie sur le fait que, dans de nombreux peuples asiatiques, amérindiens et africains, les hommes sont aussi glabres que les femmes. Aussi, P. Touraille nous invite tout simplement à inverser la perspective : si la majorité des hommes sont glabres, c’est peut-être que l’ancêtre commun à tous les Homo sapiens sapiens était en fait nu comme un ver. Quant à la barbe et à la toison pectorale, dont nous pensons trop souvent que les hommes virils sont par nature pourvus, elle se serait développée plus tard, et localement, sous l’effet de la sélection sexuelle. Autrement dit, parce qu’elle a plu aux dames et ce pour des raisons esthétiques et non pas hormonales. Car – seconde révélation – il n’existe aucun motif véritable d’associer le poil et la virilité hormonale : les études menées à travers le monde montrent que les hommes glabres présentent des taux de testostérone identiques à ceux des hommes poilus. C’est donc du côté de quelque mutation génétique postérieure à l’hominisation qu’il serait bon de chercher l’origine des barbus et des poilus. Quant à la préférence féminine, Dieu seul saura l’expliquer…