Deux femmes et deux enfants noirs entrent dans le métro. Les voyant, un homme se met à les insulter. Scène d’un film ? Non, scène réelle de la vie parisienne. Si le racisme justifie parfois les pires abominations, c’est dans la vie quotidienne qu’il se manifeste le plus souvent. En 2006, 885 « menaces et actes de violence racistes et antisémites » ont ainsi été commis en France, principalement contre des Juifs, des Noirs et des Arabes. Le raciste, selon Claude Lévi-Strauss, c’est celui qui rejette hors de l’humanité les « sauvages » qui ne font pas partie de son village ou de sa communauté, qu’elle soit géographique (la nation), religieuse (le catholicisme par exemple) ou ethnique (les Blancs).
Le discours raciste a su évoluer. Désormais ce n’est pas la « race » au sens biologique que le raciste protège, mais sa culture et ses valeurs qu’il croit en danger. Autrui, par son étrangeté, fait peur. Puisqu’il est impossible à connaître, autrui doit disparaître, soit en l’excluant et en le diabolisant (« les immigrés chez eux »), soit au contraire en l’assimilant (par le viol en ex-Yougoslavie). Pour le philosophe Pierre-André Taguieff, ces deux facettes du discours raciste s’appuient sur deux postures philosophiques, le différentialisme et l’universalisme, qui se retrouvent jusque dans le discours des antiracistes.
Mais qui est raciste aujourd’hui en France ? En novembre 2006, dans un sondage CSA, 48 % des Français pensaient qu’« en France aujourd’hui le nombre d’immigrés est trop important ». Mais si ce chiffre semble important, il doit être relativisé puisque dans le même sondage, 79 % des Français affirmaient que « les travailleurs immigrés doivent être considérés ici comme chez eux puisqu’ils contribuent à l’économie française ». La réalité du racisme est donc plus complexe qu’elle y paraît.
Si le racisme résulte, selon Michel Wieviorka, de certains phénomènes sociaux, comme les crises, la pauvreté ou la guerre, cela ne suffit pas à expliquer comment il se forme. Phénomène inhérent à la nature humaine pour le paléontologue Stephen Jay Gould, le racisme est une croyance qui assimile certains comportements et certaines valeurs à un groupe social. Les racistes pensent ainsi que tous les Juifs sont avares et que tous les Noirs sont paresseux. En psychologie sociale, les études sur ces stéréotypes sociaux montrent qu’ils sont si ancrés dans la société qu’ils influencent tous les individus, même les moins racistes. D’une manière ou d’une autre, personne n’échappe aux discriminations.