Le retour de l'anthropologie philosophique

Emmanuel Kant avait résumé l’histoire de la philosophie à une ultime question : « Qu’est-ce que l’homme ? » Cette question était censée englober le domaine entier de la philosophie et dévoiler les contours de la nature humaine. Elle énonçait du même coup le grand projet des sciences humaines naissantes.

Les réponses philosophiques à cette énigme ne manquaient pas. Les uns avaient défini l’homme comme un animal politique, d’autres comme un animal rationnel ou un animal moral, d’autres encore l’ont vu comme être hybride, tiraillé entre la raison et les passions, le corps et l’esprit, entre l’ange et la bête. Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Les sciences humaines sont apparues au XIXe  siècle. Au départ, ce sont des pionniers qui se sont lancés dans l’aventure. Certains sont partis observer les peuples « sauvages » en quête d’un hypothétique état originel de l’humanité. D’autres ont creusé dans le sol pour y retrouver les vestiges du passé, découvrir les ruines des civilisations englouties et les traces des premiers hommes qui avaient peuplé la terre. D’autres encore ont étudié les langues du monde, les ont classées en grandes familles et ont tenté de reconstituer leur généalogie. D’autres ont jeté les bases d’une science de la société, de ses lois d’organisation et d’évolution. Une psychologie de laboratoire s’est constituée pour observer comment fonctionnent la mémoire, la sensation et toutes les autres facultés intellectuelles. L’économie, l’histoire, la géographie humaine, sont nées dans le même mouvement.