Les conversions religieuses

L’entrée en religion s’opère dans un moment de remise en question existentielle. Elle nécessite souvent l’encadrement des représentants du culte. Quelles sont les religions qui attirent aujourd’hui ? Qui se convertit et pourquoi ?

Qu’est-ce qu’une conversion religieuse ?

La conversion religieuse est un « processus par lequel des individus ou des groupes viennent s’engager dans des croyances, des rituels, mais également des pratiques sociales et matérielles différentes de ceux de leur naissance 1 ». Il s’agit donc plus d’un processus que d’un moment, et d’un fait social total qui dépasse la simple appartenance religieuse.

La conception de la conversion religieuse est issue de la matrice monothéiste lorsque le dieu devient unique et sa relation à l’homme exclusive. Les sciences sociales en privilégient une approche extensive en assimilant la conversion à un changement d’affiliation religieuse. La conversion obéit à des règles codifiées fixées au fil du temps par les institutions religieuses. Elle est encadrée par un corps de personnes qualifiées religieusement.

Les procédures de conversion varient selon chaque religion :

♦ L’islam apparaît comme plus facile d’accès, puisque la règle essentielle consiste en la récitation d’une formule (la shahada) attestant qu’il n’y a qu’un seul dieu et que Mohamed est son prophète. Cette récitation doit se faire devant témoins, qui pourront ensuite attester et garantir l’adhésion sincère de l’individu 2.

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♦ La conversion au catholicisme et au protestantisme est plus longue (un an et demi environ en France) et consiste en un apprentissage progressif auprès de clercs (et parfois de laïcs) et des rencontres régulières entre les néophytes. Durant ces rencontres, ceux-ci se familiarisent avec la lecture de la Bible (par exemple le rôle des apôtres, la compréhension des paraboles) et avec l’histoire du catholicisme. Les néophytes sont accompagnés par des parrains et marraines qui suivent la démarche spirituelle du candidat.

♦ La conversion au judaïsme est exceptionnelle. Elle requiert plusieurs années d’études et une stricte observance religieuse au sein d’une synagogue. En France, la conversion au judaïsme est historiquement une mission dévolue au Consistoire central (l’institution qui fédère le culte juif en France via les consistoires départementaux), mais des obédiences plus libérales acceptent des conversions plus rapides (un an et demi environ) 3. Dans le catholicisme, comme dans le protestantisme évangélique et dans le judaïsme, la conversion se clôt par une cérémonie rituelle d’immersion partielle ou totale (baptême ou mikvé), qui signe l’entrée dans une nouvelle communauté.

♦ Enfin, s’il n’existe à proprement parler pas de véritable conversion au bouddhisme, une cérémonie d’initiation, la « prise de refuge » est souvent mise en place lorsque le « converti » le demande et que cette demande est acceptée par un maître. Le converti s’engage alors à suivre la voie « des trois joyaux » : le Bouddha, le dharma (l’enseignement du Bouddha) et la sangha (la communauté) 4. La pratique bouddhique monastique est, quant à elle, plus austère puisqu’elle requiert une retraite de trois ans dans un temple reconnu.

Ce qui importe donc dans la conversion religieuse, c’est de suivre des règles fixées par une institution religieuse. Plurielles, ces institutions ont évolué au fil du temps, très organisées pour certaines (l’Église catholique romaine), très peu pour d’autres (la communauté musulmane). L’organisation de ces religions se fait sur une base universelle (l’Église catholique, l’islam), sur une base nationale (le Consistoire israélite français, le Synode des Églises protestantes de France) ou sur des grandes organisations transnationales comme certaines églises évangéliques.

Ce qui compte pour l’institution, quelle qu’elle soit, c’est d’accueillir des croyants sincères. Cette sincérité se juge au fil d’entretiens, d’observation de l’assiduité et de l’implication des candidats ; elle est doublée d’un minimum de connaissances nécessaires sur la pratique et la théologie. Ces connaissances, progressivement assimilées, sont jugées également par des questions, des examens parfois et des évaluations des candidats. La conversion religieuse est donc fondamentalement un jugement, et une autorisation à appartenir à une nouvelle religion.