Peur, colère, dégoût, mélancolie…, les menaces environnementales inspirent des émotions de plus en plus préoccupantes : 85 % des étudiants se disent « inquiets » ou « angoissés » pour leur avenir en raison du réchauffement de la planète. Les psychiatres Antoine Pelissolo et Célie Massini dressent un constat alarmant des dégâts collatéraux du dérèglement climatique sur la santé mentale. Selon une étude américaine réalisée entre 2002 et 2012, une augmentation de la température moyenne de 1°C serait associée à 2 % de troubles mentaux supplémentaires. En effet, les épisodes de chaleur extrême nuisent au sommeil et favorisent la production d’hormones pouvant induire stress, anxiété et troubles de l’humeur. Les catastrophes naturelles, de plus en plus fréquentes, font grimper le nombre de personnes souffrant de stress post-traumatique ou de dépression sévère. Au-delà même de ces effets directs, la modification des écosystèmes aurait aussi des conséquences indirectes telles que l’augmentation des agents infectieux due à la déforestation, à l’élevage intensif et à la perte d’habitat des animaux sauvages. Ces micro-organismes pourraient jouer un rôle clé dans l’apparition de maladies mentales, telle la schizophrénie, le trouble bipolaire, la dépression ou les troubles neurodéveloppementaux. Autre fléau : la pollution atmosphérique. Selon une étude d’envergure réalisée au Danemark et en Finlande, les adultes ayant été exposés depuis l’enfance à la pollution auraient deux fois plus de risques de développer un trouble de la personnalité ou une schizophrénie.