Le souci de moraliser l'expérimentation sur l'être humain remonte au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et a trouvé sa réponse dans la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948), qui bannit l'instrumentalisation de la personne humaine. Mais la bioéthique ne s'est constituée en discipline autonome que dans les années 70, en réponse au développement de pratiques médicales posant des problèmes inédits. La mise au point de technologies avancées - assistance respiratoire, dialyse rénale, transplantations d'organes, contraception, méthodes de soins intensifs - a placé les équipes médicales devant des choix cornéliens : fallait-il accepter toutes les demandes ? Quels critères retenir pour décider qu'une personne était morte ? Comment répartir justement ces ressources chères, donc rares ? La réflexion développée dans ces équipes, puis par des spécialistes, s'est donné pour objet de trouver des principes et des normes d'application capables de répondre à ces questions en dehors de tout cadre culturel ou religieux particulier.
La bioéthique est en principe un cadre de référence laïque, culturellement neutre et à vocation universelle. En matière de pratique médicale et de recherche, son premier mode d'expression a été l'énumération de principes, proposés au titre de charte, de convention ou de code juridique. Ainsi, aux Etats-Unis, le rapport Belmont (1978) et quelques autres textes font autorité : ils énoncent quatre principes de base - respect des personnes, non-malfaisance, bienfaisance et justice - auxquels certains auteurs ont ajouté l'obligation de confidentialité, la franchise, la fidélité. En France, le Comité consultatif national d'éthique, formé en 1983, a émis, dans les années 80, des recommandations de même nature, très inspirées par la morale kantienne : universalité, respect de la personne et de sa liberté, recherche du moindre mal et du plus grand bien, auxquelles s'ajoutent une exigence de compétence et un devoir de recherche qui sont autant de marques de confiance envers les sciences.