Plainte entendue dans le bus : « Je suis épuisé malgré le week-end et ça fait plusieurs jours que ça dure, tu n’aurais pas un truc à me conseiller ? » À la maison, au bureau, dans l’espace public, la fatigue tient désormais le haut du pavé. Que nous manquions d’énergie parce que nous souffrons d’une ou de plusieurs maladies chroniques, ou parce que la vie quotidienne et son lot de stress nous pèsent, voici quelques conseils pour lutter contre la fatigue.
• Soigner son sommeil
La première cause de fatigue, c’est le manque de sommeil. Enjeu de santé publique, le sommeil nocturne, dont la durée moyenne est passée sous la barre des 7 heures, ne cesse de se dégrader, déplore depuis plusieurs années l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV). Huit Français sur dix sont concernés par des réveils nocturnes et plus d’un tiers disent dormir moins de 6 heures par nuit, ce qui représente un risque sanitaire. L’INSV souligne également « la réciprocité entre les troubles anxieux, dépressifs et les problèmes de sommeil » 1. Pour les spécialistes, il est crucial d’apprendre à mieux réguler nos rythmes veille-sommeil.
Dans son livre Antifatigue 2, Pierre Philip, chef du service universitaire de médecine du sommeil du CHU de Bordeaux, évalue à plus de 5 millions le nombre de Français souffrant d’apnée du sommeil dont plus des trois quarts ne seraient pas encore diagnostiqués ! Pour lui, les médicaments hypnotiques ou « les ersatz non remboursés comme l’homéopathie » sont trop rapidement prescrits alors qu’il suffit dans la plupart des cas de quelques bonnes habitudes, comme adopter des horaires réguliers de lever et de coucher, avoir une bonne literie, une chambre aérée à la bonne température (18°C). Il critique au passage le culte du « miracle morning », popularisé par le « coach de réussite » Hal Elrod, qui, en nous incitant à nous lever très tôt pour gagner du temps de veille, peut ruiner notre santé.
En France, il est possible de consulter des spécialistes dans plus de 50 centres agréés par la Société française de recherche et de médecine du sommeil (SFRMS) pour comprendre l’origine des troubles et en venir à bout. Ou au moins commencer par suivre les recommandations de l’INSV qui, outre la régularité des horaires, conseille de s’exposer à la lumière du jour, en particulier le matin, pour aider à réguler son horloge biologique, privilégier une activité calme le soir, et surtout se déconnecter des écrans une heure avant de se coucher. Sans parler d’équilibrer son alimentation, de limiter la consommation d’excitants et d’avoir une activité physique.
• Mettre le corps en mouvement
Si vous pratiquez régulièrement une activité sportive, vous appréciez sans doute le moment de la douche, après l’effort, où la fatigue semble se dissiper. En effet, cela peut paraître contre-intuitif, mais le sport défatigue. « En opérant un déconditionnement musculaire et cardio-respiratoire, la sédentarité nous fait entrer dans le cercle vicieux de la fatigue », explique Mathilde Bertrand, doctorante au Laboratoire interuniversitaire de biologie de la motricité (LIBM) de l’université Jean-Monnet, à Saint-Étienne. L’alitement, même s’il est très provisoire, transforme la reprise d’un simple déplacement en une véritable épreuve car la machine se grippe très vite si on ne s’en sert pas.