Trois questions à... Christine Musselin

Les enseignants, fer de lance du LMD

Trois ans pour la licence, deux pour le master, trois pour le doctorat : la réforme des cursus universitaires, prévue pour 2010 en Europe, est en place dans la grande majorité des universités françaises. Quelles sont les raisons d'un tel « succès » ?

Vous venez de mener une enquête , avec Stéphanie Mignot-Gérard, sur l'installation des cycles LMD dans trois grandes universités françaises, à Paris et en province. Comment expliquez-vous que les établissements aient accaparé si vite cette réforme prévue par l'Europe ? Quels sont les enjeux et les acteurs de cette mise en place ?

Au niveau européen, la mise en place généralisée du LMD est prévue pour 2010 ; en France, la date de 2007 a progressivement émergé, sans être vraiment imposée. C'est une première explication à ce démarrage rapide : la démarche reposait plus sur l'adhésion des établissements que sur la contrainte. Certains établissements se sont lancés, précédant une sorte d'effet « boule de neige »...

Si l'initiative revient aux présidents d'université, les enseignants ont été très réactifs. Ils se sont emparés de la réforme, y voyant une opportunité d'augmenter leur surface de cours, de développer un domaine qu'ils n'avaient jusqu'alors pu étendre, de formaliser ou de rompre des coopérations interdisciplinaires... Certaines disciplines qui s'arrêtaient à la maîtrise (bac + 4) ont ainsi grignoté une année (licence + master = 5 ans), tandis que d'autres, auparavant intégrées dans un DEA pluridisciplinaire, ont profité de l'occasion pour créer « leur » mention de master.