Les forces d'inertie au changement

La « prise de conscience » ne suffit pas à changer nos comportements. De puissantes forces de résistance font que l’on peut vouloir sincèrement changer… et faire tout le contraire !

Comme tout le monde, j’entends les cris d’alerte sur l’état de la planète. Comme tout le monde, je m’inquiète devant les dérèglements du climat. Comme beaucoup, je pense que nos modes de vie et de consommation sont devenus insoutenables pour la planète comme pour notre bien-être. Comme beaucoup, je pense qu’il est temps de changer pour le salut de l’humanité et pour notre confort personnel. Comme beaucoup, je fais donc des efforts pour consommer moins et mieux. Ce matin, je vais quand même prendre ma voiture pour aller au travail, alors que le bureau est à un quart d’heure à pied. Au retour, je vais passer au supermarché et je ramènerai dans mon caddie quelques plats cuisinés, des pots de yaourts, un pack de bière, un gel douche et sans doute une ou deux saloperies inutiles dont les seuls emballages vont atterrir dans une poubelle déjà débordante.

Mais pourquoi donc est-il si difficile de mettre en accord nos principes et nos actes, nos bonnes résolutions du matin et les comportements de la journée ? Parmi les forces de résistance au changement, quatre jouent un rôle majeur.

Les quatre freins au changement

* La première relève d’abord de l’économie du désir. Changer de mode de consommation ne relève pas que de la bonne volonté : sans quoi il n’y aurait plus de fumeurs depuis longtemps, ni de personnes obèses ou accros aux écrans. Les fumeurs savent bien que la cigarette nuit à leur santé, à leur budget et à leur haleine. Pourquoi leur est-il si difficile d’arrêter de fumer ? Parce que le désir immédiat est plus fort que les intérêts à long terme. La conscience du danger n’est pas suffisante pour mettre fin à une addiction. Le même raisonnement vaut pour les gens obèses : ils savent tous que le sucre et le gras ne sont pas bons pour leur cœur, leurs artères et leur look. Si maigrir n’était qu’une question de prise de conscience et de volonté, il suffirait de quelques petits efforts pour se remettre sur le droit chemin. On peut transposer aux super-consommateurs ou aux addicts aux écrans que nous sommes devenus la même logique : il y a loin de la conscience au changement de conduite. Car le plaisir immédiat est plus fort que ses intérêts à long terme.