Les french doctors : figures de l'humanitaire moderne

Lors de la remise du prix Nobel de la paix à Médecins sans frontières, Philippe Bilberson soulignait : « C'est l'indépendance d'esprit, l'impertinence qui a été récompensée. »

En 1968 débute la guerre du Biafra. C'est l'une des premières guerres largement relayées par la télévision : les biafrais meurent en direct devant les opinions publiques épouvantées. Les Ibos, peuple du sud-ouest du Nigéria (le Biafra), se heurtent à une répression brutale du gouvernement nigérian qui interdit à la Croix-Rouge l'accès aux populations en détresse.

Révoltés par cette situation, quinze médecins français fondent en 1971 Médecins sans frontières.

L'article premier de sa charte, rédigée par Bernard Kouchner, stipule : « Les Médecins sans frontières apportent leur secours à toutes les victimes de catastrophes naturelles, d'accidents collectifs et de situations de belligérance, sans aucune discrimination de race, de politique, de religion ou de philosophie. »

C'est du constat d'impuissance des organisations humanitaires traditionnelles, comme la Croix-Rouge, liée par un principe de neutralité et de confidentialité vis-à-vis des Etats, que va naître toute une génération nouvelle d'ONG. Pour les désigner, Jean-Christophe Rufin (ancien membre de MSF) parle de « sans-frontiérisme » 1. Le sans-frontiérisme se caractérise au départ par des actions privées, des initiatives indépendantes, et une souplesse dans des missions de petite envergure. Dans ce mouvement domine une éthique professionnelle philanthropique qui fait du médecin, de l'infirmière ou des bénévoles chargés d'acheminer les médicaments des amis des hommes, quel que soit leur camp, leur nationalité.