Patrick Norynberg
Diplômé des Hautes Études en pratiques sociales, essayiste sur la ville et la démocratie, Patrick Norynberg est aussi enseignant-formateur à l’université Paris-V, l’ENS, l’Inset. Il a publié Une nouvelle ambition pour la démocratie participative. Un éventail de pratiques citoyennes, Yves Michel, 2014.
Concrètement, comment un dispositif de démocratie participative se met-il en place au sein d’une ville ?
Dans une ville, les responsables élus locaux comme professionnels, qu’ils travaillent sur la santé, l’éducation, l’aménagement, l’habitat etc., doivent se poser la question : comment j’associe les habitants en amont des projets qui les concernent ? Cela paraît évident, dans la réalité c’est une révolution dans la manière de penser et d’agir. À La Verrière, petite commune des Yvelines, comme je l’avais conçu il y a quelques années au Blanc-Mesnil (93), nous avons créé un Conseil de ville et de voisinage dans le quartier en rénovation urbaine. Il ne s’agit pas d’un conseil de quartier tels qu’ils ont été mis en place après la loi de 2002. Nous ne voulons pas enfermer les habitants dans un quartier, mais s’ouvrir sur la ville et le monde. D’où cette appellation originale. Cet espace d’échange et d’intervention citoyenne aurait pu s’appeler Conseil du village et du monde ! L’objectif est de sortir de la relation de « consommation » des élus reproduite dans la majorité des conseils de quartier. Dans ces instances, le temps de la réunion est important, mais la préparation, le compte rendu des discussions et surtout le temps des actions concrètes coproduites se révèlent tout aussi enrichissant. Pour faire venir les habitants, il faut revenir à des méthodes simples, s’appuyer sur les réseaux. Si chacun invite un ami, on est chaque fois plus nombreux ; on doit aussi s’adapter aux besoins des habitants et faciliter leur venue. Par exemple avec un espace où les enfants sont pris en charge pour encourager les mères seules à venir. La proximité permet de reconquérir les personnes les plus éloignées de la chose publique et c’est vers elles qu’il faut aller. Un travail énorme reste à faire pour redonner l’envie aux habitants de s’impliquer. Sans leur motivation, rien n’est possible.