Les jeunes surdiplômés vont-ils changer la société ?

Consultants, startuppers, youtubeurs, dirigeants de firme multinationale, créateurs de tiers-lieux, les surdiplômés innovent : ils réinventent le travail et les modes de vie.

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Aujourd’hui, 23 % des moins de 40 ans ont un diplôme de niveau bac + 5 et plus. Parmi eux, 14 % ont un master 2 ; 1 %, un doctorat ; et 8 % sont diplômés des grandes écoles (IEP, Ena, HEC, Essec, Polytechnique, Mines et autres écoles de commerce et d’ingénieur).

Comment ces jeunes « surdiplômés » vivent-ils ? Quelles sont leurs valeurs ? Quelle influence ont-ils sur la société ? La sociologue Monique Dagnaud et le journaliste Jean-Laurent Cassely ont mené l’enquête. Entrecroisant les sondages et des entretiens auprès de 37 d’entre eux, âgés de 25 à 40 ans, ils montrent les aspirations de ce groupe social situé, selon leurs diplômes et leurs choix personnels, entre l’élite (les 1 % les plus riches) et la nébuleuse des classes moyennes.

Trois orientations

Leur long parcours dans l’enseignement supérieur ne s’effectue pas sans rencontrer des difficultés et parfois des bifurcations (encadré ci-dessous). Les jeunes surdiplômés développent ainsi un mental qui combine des qualités d’ascèse, un effort sans limite pour le travail, un esprit stratège, une confiance en soi nourrie dès la plus tendre enfance grâce à l’encadrement bienveillant de leurs parents et confirmée par la réussite scolaire, mais aussi une farouche volonté de liberté, une curiosité à toute épreuve et le goût du risque. Ces « jeunes talents », comme les appellent les entreprises qui cherchent à les recruter, ont de fortes ambitions et exigences.

Leur originalité s’exprime dans le monde du travail. Se distinguent ici trois orientations. D’abord, ceux qui se destinent à faire carrière et veulent progresser jusqu’aux sommets : ils occupent rapidement de hautes fonctions de direction dans de grands groupes. Par exemple, Pierre, 33 ans et diplômé de HEC, a rejoint la filiale française d’une multinationale. Il gagne jusqu’à 200 000 euros par an. Ces jeunes à hauts revenus constituent la nouvelle élite sociale.