Les pathologies de la liberté. Une réactualisation de la philosophie du droit de Hegel

Axel Honneth, La Découverte, 2008, 135 p., 12 €
Principes de la philosophie du droit (1821) de Georg Hegel a mauvaise réputation. Considéré comme une apologie de l’autoritarisme prussien de la Restauration, l’ouvrage a souvent été délaissé au profit d’autres œuvres comme La Phénoménologie de l’esprit (1807), œuvre qui précéda La Science de la logique (1812-1816). La nouvelle lecture qu’en donne Axel Honneth permet de prendre la mesure d’une pensée du politique encore valide aujourd’hui.

 

Alors qu’Une théorie de la justice de John Rawls (1971) opérait un retour à Emmanuel Kant, A. Honneth revient à la critique hégélienne du formalisme kantien et des formes de libertés incomplètes qu’il comporte. Dans les Principes, Hegel reprend à Kant son idéal d’autonomie de l’individu, mais il lui reproche de ne pas prendre en compte la réalité historique et sociale dans laquelle la liberté prend place. La liberté du sujet moderne a pour condition des relations intersubjectives et non un individualisme clos sur lui-même. Les relations d’amour dans la famille, les relations d’intérêt dans la société civile (le marché) et la participation à la volonté collective au sein d’institutions politiques font de l’individu un être libre. Ce qui implique de considérer la structure sociale non comme une agrégation d’intérêts égoïstes simplement contenus par des obligations contractuelles, mais comme un tout rationnel que le philosophe a pour tâche de comprendre.