Le « peuple psy », pour reprendre le titre d’un ouvrage de Daniel Sibony (1993, rééd. Seuil, 2007), se compose de quatre groupes : psychiatres, psychologues, psychanalystes et psychothérapeutes. Leurs frontières sont perméables puisque, par exemple, 70 % des psychiatres français ont été formés aux concepts de la psychanalyse. Toutes les combinaisons sont donc possibles.
• Les psychiatres
Ce sont des médecins qui ont suivi une spécialisation dans le diagnostic et le traitement des troubles mentaux. Ils sont donc habilités à inclure la prescription de médicaments dans la prise en charge. Leurs soins sont remboursés dans le public comme en libéral. Avec ses 13 000 praticiens (dont une moitié en libéral), la France, après la Suisse, est le pays du monde où la densité de psychiatres par habitant est la plus élevée. Pour autant, leur répartition disparate sur le territoire, leur pénurie dans le secteur public et le non-remplacement du tiers d’entre eux d’ici 2020 placent la psychiatrie française dans une situation difficile au moment où la demande de soins n’a jamais été aussi importante. Malgré des « États généraux » à Montpellier en 2003, les psychiatres peinent à définir leur mission, qui ne se résume officiellement plus à l’exigence de soins pour les malades mais s’étend à préserver la santé mentale des citoyens en général, avec des exigences gestionnaires de plus en plus drastiques.
• Les psychologues
La France compte 38 000 psychologues, principalement dans le secteur de santé. À l’exception des psychologues scolaires, ils ont reçu une formation universitaire de niveau bac + 5, dont au moins les trois dernières années effectuées en psychologie. Tous ne sont pas forcément thérapeutes : les psychologues du travail, par exemple, officient dans les ressources humaines. Les 18 000 psychologues cliniciens bénéficient, quant à eux, d’une formation théorique en psychopathologie, complétée par une pratique de terrain. Des formations complémentaires leur sont cependant nécessaires pour assimiler pleinement les techniques psychothérapiques de leur choix. Les psychologues n’étant pas médecins, ils ne peuvent délivrer de médicaments. Leurs soins ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale, à l’exception des consultations dans le secteur public (hôpital, centre médico-psychologique) faisant suite à une prescription médicale. Tout le monde ne peut se dire psychologue : le titre est protégé depuis juillet 1985, son usurpation donnant lieu à des poursuites.