En 2011, les sikhs étaient 20,8 millions en Inde, soit 1,72 % des habitants du pays. 77 % d’entre eux vivent dans l’État du Panjab (Nord-Ouest de l’Inde), dont ils forment 58 % de la population. Les sikhs font remonter leur histoire à l’enseignement de Gurû Nânak (1469-1539), maître d’une paisible communauté mystique, le Nânak Panth (Voie de Nânak), prêchant la dévotion aimante à un Dieu unique (encadré).
Né autour de ce premier maître et de ses neuf successeurs dans le contexte d’un Panjab longtemps resté à l’écart du brahmanisme lettré, mais marqué par la présence de courants hindous comme les cultes de dévotion vishnuïtes et shivaïtes et par l’islam, surtout soufi, le sikhisme a évolué comme une religion séparée. Il en a tous les traits distinctifs : fondateur, Écritures, lieux de culte, calendrier religieux et rites sacramentaux.
Quatre phases
L’histoire des sikhs peut être périodisée en quatre grandes phases.
• La première, celle des dix Gurû qui se succèdent à la tête des sikhs aux 16e et 17e siècles, correspond chronologiquement à l’époque des grands Moghols : Nânak livre un témoignage direct sur la conquête du maître turc de Kaboul, Bâbur (v. 1526-1530), qui installa les Moghols en Inde, et Gobind (1666-1708) décède à peine un an après le dernier grand Moghol, Aurangzeb (v. 1658-1707). Entretemps, le Nânak Panth s’est organisé et doté d’un livre sacré, l’Âdi Granth (Livre premier), compilé par Arjan (1563-1606), le cinquième Gurû, à partir des hymnes de ses prédécesseurs, de ses propres compositions et de celles de saints poètes hindous et soufis de l’époque.