Les sombres précurseurs

Les sombres précurseurs. 
Une sociologie pragmatique de l’alerte et du risque
. Francis Chateauraynaud
 et Didier Torny
, EHESS, 2013, 475 p., 26 €.

Les éditions de l’EHESS offrent une deuxième édition, enrichie d’une préface de Claude Gilbert (spécialiste français des risques), d’un ouvrage paru pour la première fois en 1999. L’actualité, celle du vote de la loi sur les lanceurs d’alerte au printemps 2013, est venue donner une saveur nouvelle à ce travail dont l’ambition est de regarder le destin des signaux qu’émettent celles et ceux qui sont persuadés qu’un risque majeur pèse sur notre société. Lancées par des « précurseurs sombres » (l’expression est de Gilles Deleuze), les alertes font l’objet, ou non, d’épreuves de tangibilité (il faut des témoignages, des expertises, des expérimentations…) et peuvent déboucher au bout du compte sur de l’indifférence, sur de simples controverses ou encore sur des crises politiques majeures. Il existe donc une véritable construction sociale des risques. Trois cas sont étudiés par le menu dans l’ouvrage : l’amiante, la radioactivité et les maladies à prion. Depuis lors, de nombreuses autres affaires ont vu le jour, aussi bien dans le domaine sanitaire qu’environnemental. Les questionnements et la grille d’analyse proposés par les auteurs s’avèrent, on le devine, plus que jamais d’actualité.