La doctrine du droit naturel ou le droit dans la nature des choses
Le droit naturel classique
L'idée de droit naturel renvoie à l'existence d'un corps supérieur de règles idéales, que l'homme doit chercher dans la raison (et non dans l'au-delà). Développée d'abord par certains philosophes de l'Antiquité, notamment Aristote, elle est prolongée par Thomas d'Aquin (1225-1274), qui sépare la loi divine de la loi naturelle, présente en chaque homme, et qui peut être découverte par la raison. Il «humanise» de cette façon le droit et la justice.
La doctrine moderne du droit naturel, ou les fondements du droit individuel
Cette doctrine, appelée aussi jusnaturalisme, se développe aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elle postule qu'il existe des droits naturels et universels de l'individu (liberté d'opinion, égalité, résistance à l'oppression...), que la société politique doit garantir. Participant de l'essor de la philosophie des Lumières, elle servira de référence à la Déclaration des droits de l'homme de 1789. Elle constitue aujourd'hui encore le fondement de l'idéologie des droits de l'homme, et par là-même des systèmes juridiques occidentaux.
Parmi les précurseurs de l'école du droit naturel, le juriste hollandais Grotius (1583-1645). Pour lui, le droit réside dans la raison et la sociabilité humaines. Contrairement à Aristote, pour qui l'objectif était l'équilibre harmonieux, Grotius part du droit subjectif de la personne pour fonder le système juridique. L'Allemand Samuel Pufendorf (1632-1694) va théoriser l'idée de droit naturel, afin d'en faire une science autonome. En développant les idées d'état de nature et de contrat social, il aura une influence décisive sur la pensée de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778). Pour l'Anglais John Locke (1632-1704), le droit est indissociable de la liberté et de la volonté individuelles. Enfin, pour Emmanuel Kant (1724-1804), le droit naturel se construit selon les principes de la raison pure : il n'a pas à voir avec l'histoire, les faits sociaux, la morale, ou même la nature des choses. En ce sens, Kant est aussi considéré comme un précurseur du positivisme juridique.