Au carrefour de la médecine, de la psychologie et des neurosciences, les psychothérapies utilisant la réalité virtuelle sont étudiées depuis une dizaine d’années, et notamment dans le traitement des phobies. Malgré leur recours à la technologie, ces thérapies n’en nécessitent pas moins la rencontre en face à face entre un patient et un thérapeute, ainsi que la création d’une relation d’aide, d’écoute de qualité et de confiance.
Applications dans les troubles anxieux
La réalité virtuelle a investi avec succès d’autres champs que celui des jeux vidéo (formation, culture et patrimoine, médecine…). Très inspirées par les thérapies comportementales et cognitives (TCC), les thérapies en réalité virtuelle sont majoritairement utilisées pour le traitement des troubles anxieux, et plus particulièrement les phobies. Par définition, la réalité virtuelle n’expose pas le patient à des situations réelles. Concrètement, le patient interagit avec un environnement virtuel qu’il voit sur écran, ou dans lequel il se trouve immergé grâce à un équipement spécial (gants de données, visiocasques, capteurs de localisation…). Le patient est bel et bien acteur, pas seulement spectateur. L’objectif est de l’aider à réduire son anxiété en l’exposant à des situations anxiogènes, afin de le désensibiliser à l’objet de sa phobie (par un phénomène dit d’« habituation »). L’exposition est faite de façon graduelle, progressive, préparée et répétée après avoir établi avec le patient une liste des situations qui lui posent problème : rester seul dans une pièce pour un agoraphobe (peur de ne pas être secouru en cas d’attaque de panique), marcher sur un pont pour un acrophobe (peur des hauteurs), descendre des escaliers pour un ptophobe (peur de tomber lors de la marche), etc. Par diverses techniques cognitives, le thérapeute aide le patient à trouver des pensées plus adaptées aux situations initialement anxiogènes. Au fur et à mesure des séances, les symptômes d’anxiété vont diminuer en fréquence et en intensité. La réalité virtuelle peut, par conséquent, aider les patients à rééduquer leur imaginaire et leur représentation d’eux-mêmes et de leurs capacités, afin de leur redonner confiance. Les avantages sont multiples : les expositions peuvent être contrôlées, répétées plusieurs fois, interrompues rapidement, et se déroulent dans le cabinet du thérapeute.