Plusieurs approches thérapeutiques considèrent qu’une source essentielle de troubles psychologiques repose sur le manque de sens à l’existence. Plutôt que de chercher à analyser le passé, elles visent à éclairer le présent et l’avenir, en mettant notamment l’accent sur les aspirations de l’individu et son engagement. Nous nous proposons d’en passer quelques-unes en revue.
• La logothérapie
La thérapie par le sens la plus connue est la logothérapie, mise au point par Viktor Frankl, au retour des camps de la mort 1. Il souligne qu’une caractéristique essentielle de l’être humain est l’interrogation sur le sens, et la possibilité d’accéder à une dimension qui le transcende lui-même : « Le dépassement de soi est l’essence de l’existence. Être humain, c’est être dirigé vers autre chose que soi-même. (…) L’homme vit d’idéaux et de valeurs. L’existence humaine n’est pas authentique à moins d’être vécue en termes de dépassement de soi 2. » Contrairement à Sigmund Freud, qui estimait que la quête de sens était une manifestation névrotique 3, V. Frankl considère que ce questionnement est salutaire et bénéfique : « Il existe une frustration existentielle, (…) c’est-à-dire le sentiment d’absence de sens de sa propre existence. (…) La frustration existentielle, ou, comme nous pourrions l’appeler également, la frustration du besoin de sens, n’a donc rien de pathologique : au contraire, cette revendication humaine d’une existence qui ait la plus grande signification possible est si peu pathologique en elle-même qu’elle peut – et doit – être mobilisée dans une action thérapeutique 4. » Selon V. Frankl, la frustration existentielle peut, cependant, en cas de trop forte intensité, provoquer des névroses, qu’il qualifie de « névroses noogéniques », par opposition aux névroses traditionnelles ou psychogéniques. Elles proviennent non pas des conflits entre les besoins de l’homme et ses instincts, mais de ses problèmes existentiels, dont l’absence de raison de vivre.