Les situations sont en fait variées. De nombreuses maladies – avec des symptômes, des anomalies aux examens complémentaires et des lésions spécifiques – sont ainsi sensibles à des facteurs psychologiques : l’asthme, l’eczéma ou l’hypertension artérielle sont des exemples incontestés. Leur aggravation en cas de stress prouve cette interaction entre psychisme et état somatique (en grec : psyché l’esprit, soma le corps).
Très différents sont les états pathologiques, invalidants et chroniques, appelés troubles somatiques ou conversions qui ne correspondent pas une maladie « lésionnelle » classique et posent la question d’une origine psychologique. On les évoque lorsque le regroupement des symptômes n’est pas logique, les bilans répétés normaux et le recul suffisant pour exclure une cause organique.
Notons enfin que près de deux tiers des patients qui consultent pour la première fois un généraliste n’ont tout simplement aucune lésion organique. Ce qui ne veut pas dire, tant s’en faut, qu’ils ne souffrent pas…
Dans ces différentes situations, l’écoute attentive suggère un dysfonctionnement psychologique, en quelque sorte une « blessure de l’âme ». Ces faits sont connus depuis l’aube de la médecine. Depuis, la lecture de ces troubles somatiques d’origine psychologique a évolué, sans pourtant qu’il soit répondu à toutes les questions, et que toutes les zones d’ombre aient été éclaircies.
Au-delà des difficultés diagnostiques pour les cliniciens, ces troubles posent avant tout de redoutables problèmes aux patients eux-mêmes. Ces derniers excluent généralement toute origine psychologique (« Je ne suis pas fou »), et cherchent, en vain, une maladie là où elle n’est pas. Par défaut, ils peuvent préférer s’orienter vers des explications irrationnelles, non prouvables, souvent façonnées par le contexte culturel (syndrome de la guerre du Golfe, effet des radiations électromagnétiques, vaccinations…) ou mettre en cause la compétence du système médical. Le médecin traitant peut d’ailleurs participer à ce « déni de l’origine psychologique ». En conséquence, il a parfois tendance à multiplier les examens somatiques ; ce qui accroît l’inquiétude du patient et sa méfiance envers le monde soignant, surtout si les comptes rendus laissent place au doute.