Méthodes de lecture, la syllabique plus efficace

Plusieurs études récentes montrent la supériorité de la méthode syllabique pour enseigner efficacement la lecture. Pourtant, dans les classes de CP, les approches mixtes dominent encore largement. Pourquoi un tel hiatus ?

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La question des méthodes d’apprentissage de la lecture est l’une des controverses les plus inflammables du débat scolaire. L’entrée dans l’écrit est la fonction première de l’école où s’enracinent les inégalités sociales d’accès aux savoirs scolaires. Que sait-on aujourd’hui des pratiques d’enseignement du lire/écrire ? Est-il possible d’en améliorer l’efficacité ?

Impossible de discuter du fond du problème sans aborder au préalable la très forte politisation qu’il suscite, entraînant souvent un blocage de la réflexion. C’est bien connu : la méthode syllabique est de droite, et les méthodes mixtes ou globales de gauche. Si vous insistez sur l’importance de l’enseignement du déchiffrage, vous êtes un conservateur, si vous invoquez la compréhension, vous voilà progressiste.

Ces jeux d’opposition se sont solidifiés au tournant des années 1970. La réforme de l’enseignement du français à l’école primaire est alors au cœur de la rénovation pédagogique qui s’annonce, dont l’objectif affiché est de permettre l’accès aux études longues pour les enfants du peuple. Les « instructions officielles » de 1972 concernant la lecture au CP ouvrent ainsi la voie à l’abandon de la méthode syllabique. Portée par les mouvements pédagogiques classés à gauche, cette innovation vise à rendre l’enseignement plus concret et ludique, permettant à l’apprenti lecteur un accès direct au sens des mots et lui évitant ainsi un apprentissage centré sur le déchiffrage jugé mécanique et peu adapté aux nouveaux publics. Un demi-siècle après cet épisode, peut-on tirer le bilan de cette rénovation pédagogique ? Le fait que 150 000 jeunes sortent de l’école chaque année en grande difficulté de compréhension de l’écrit devrait suffire comme argument pour se pencher sur la question. Écartons un premier faux débat : la méthode globale « pure », centrée sur la reconnaissance directe des mots, a très vite révélé son caractère irréaliste. Peu appliquée en tant que telle, elle a vite cédé la place à des démarches dites mixtes, qui combinent reconnaissance visuelle de certains mots et apprentissage du déchiffrage des lettres et des syllabes.