Michel Foucault - Une microphysique du pouvoir

C’est le savoir qui assied le pouvoir des institutions 
telles que l’école, l’usine ou la prison. Par ces micropouvoirs, 
la société discipline et contrôle les populations. 
Telle est la thèse première de Michel Foucault qui s’intéressera ensuite au « souci de soi » et à la liberté du sujet.

Michel Foucault propose une lecture du pouvoir en termes de rapports de force multiples, d’ampleur microsociologique et structurant les acti­vités des hommes en société. Autrement dit, le pouvoir n’est pas décelable en un lieu précis (Assemblée nationale, conseils d’admi­nistration, grandes firmes…), mais se définit au contraire par son ubiquité. C’est une sorte de flux qui traverse et connecte l’ensemble des éléments du corps social.

Sa thèse s’oppose plus explicitement aux analyses qui associent pouvoir et formes extérieures de domination. Face aux juristes, il soutient que le pouvoir ne peut être associé à un ensemble de dispositifs légaux qui ont pour but de soumettre les citoyens aux normes édictées par l’État. Face aux psychanalystes, il ne décrit pas seulement le pouvoir sous l’angle des figures symboliques du père, de la loi, etc. Face aux marxistes, il différencie pouvoir et système général de domination, exercé par des institutions répressives, les fameux « appareils idéologiques d’État » (comme l’école ou la justice) décrits par Louis Althusser. Foucault se distingue enfin des théoriciens de l’élite (Vilfredo Pareto, Charles W. Mills) pour qui le pouvoir est une denrée rare, dont la possession permet d’opposer élite et masse. Son approche du pouvoir, conçu comme une sorte de courant électrique incapable de se focaliser dans des institutions, fait rebondir l’analyse sur un tout autre terrain. En effet, pour Foucault, le pouvoir agit directement sur le corps. Au cœur même de l’usine, de la famille, de la caserne, il s’exprime sous forme de règlements, disciplines, injonctions qui font du corps une matière à travailler. Il s’agit par exemple, avec le capitalisme naissant, de couler l’énergie sauvage dont disposent les hommes dans un moule disciplinaire, de la dompter afin de la transformer en force de travail. Dans La Volonté de savoir (1976), Foucault précise sa pensée en attribuant quatre caractéristiques au pouvoir.