Microbes et climat, fléaux de Rome

The Fate of Rome. Climate, disease, and the end of an empire, Kyle Harper, Princeton University Press, 2017, 418 p., 27 €.

On pouvait croire que tout avait été dit sur la chute de Rome. Plus de 200 causes ont été invoquées par autant d’auteurs sur les forces qui ont pu jeter à bas l’un des plus stables et puissants édifices étatiques de tous les temps. Mais ce livre-ci surprend, par son ampleur de vue et par son approche novatrice, celle d’une histoire environnementale de la fin de l’Empire. En un récit complexe, associant climatologie, démographie, économie et épidémiologie, Kyle Harper expose comment une civilisation s’érode face à l’adversité écologique.

Bien sûr, on écrit les livres de son époque. La menace du réchauffement climatique en cours résonne efficacement. Mais l’histoire environnementale, rappelle l’auteur, synthétise aussi les formidables masses de données que l’archéologie nous livre aujourd’hui sur le passé. Nous savons maintenant mesurer finement les variations de température, estimer le tonnage des navires de céréales tunisiennes qui nourrissaient l’Italie, séquencer l’ADN des microorganismes pathogènes piégés dans l’émail de dents vieilles de deux millénaires… De quoi renouveler les hypothèses.