• Le rêve de Joshua : l’empire des États-Unis d’Amérique
Joshua Norton fut le premier (et unique) empereur des États-Unis. Né à Londres en 1819, ce fils de famille aisée débarque à San Francisco en 1830. Ruiné suite à une spéculation, mentalement ébranlé par la violence avec laquelle la société traite les indigents, il s’autoproclame empereur en 1859. Friands de sensationnalisme, les médias relayent son texte d’intronisation, qu’il ouvre par la formule : « À la demande péremptoire (…) d’une vaste majorité des États-Unis ». Joshua prend son rôle au sérieux, philosophant à la manière du clochard Diogène, légiférant à tour de bras dans le vide – il ordonne notamment la dissolution du Congrès – et s’interposant dans les conflits intercommunautaires. Les habitants de San Francisco le respectent et lui rendent massivement hommage à sa mort, en 1880.
• Le royaume patagon de Nouvelle France
En 1858, quand le juriste français Antoine de Tounens débarque au Chili, les Mapuches, au sud de la cordillère des Andes, sont en voie de perdre la guerre qu’ils mènent pour défendre leurs terres. Antoine se propose de les défendre. Sur ses conseils, les chefs mapuches fondent le royaume d’Araucanie (du nom de la région sud du Chili) en 1860, et ils l’intronisent monarque dans l’espoir d’être pris au sérieux dans le concert des nations. Le nouvel État, dit royaume d’Araucanie et de Patagonie, ou de Nouvelle France, échoue à s’attirer le soutien de la France. Les Chiliens capturent Antoine, le renvoient en France, où il meurt en 1878 après trois tentatives avortées de reconquérir son trône.