C’est devenu une sorte de course à l’échalote : c’est à qui découvrira une nouvelle capacité de l’homme de Néandertal pour faire la une des journaux. On se croirait dans une célèbre bande dessinée. Chaque fois que le marsupilami dévoilait un autre de ses dons, Spirou et Fantasio s’écriaient : « Ce petit animal nous étonnera toujours ! » Se sentant coupables de l’avoir longtemps méprisé, les préhistoriens ne cessent de nous prouver que cet homme, autrefois considéré comme un cosaque un peu abruti, fut un humain respectable, doué d’une grande culture, d’un savoir-faire technique pointu et d’une sensibilité qui n’avait rien à nous envier. Au point qu’il est devenu dangereux de contester certaines avancées, sous peine de se faire accuser de « paléoracisme » ou d’être réactionnaire.
Il en est ainsi des nouvelles datations espagnoles. Elles concernent des concrétions recouvrant des tracés peints, soumis à la méthode de l’uranium-thorium, qui utilise la désintégration progressive de l’uranium, contenue dans les concrétions, en thorium, suivant une loi de décroissance précisément établie. En toute logique, la figure ne peut être postérieure à la concrétion, qui fournit donc un âge minimal. Trois sites espagnols (53 échantillons) ont été sollicités : La Pasiega (Cantabrie), Doña de la Trinidad (Ardalès, Andalousie) Maltravieso (Estrémadure). À La Pasiega, la concrétion recouvrant un signe rouge en forme d’échelle (scalariforme) a fourni un âge minimal de 64 800 ans environ. À Maltravieso, c’est une main négative qui ne pourrait être postérieure à 66 700 ans. Et à Ardalès, des traces de peintures rouges possèdent un âge minimal d’entre 48 700 et 45 300 ans, ainsi qu’entre 46 500 et 38 600 ans et 63 700 et 32 100 ans.