Neuropsychologie Faut-il tester les enfants ?

Réclamés par les familles et les enseignants pour établir un profil cognitif de l’enfant, les bilans neuropsychologiques connaissent un engouement croissant. Ils ne font pourtant pas l’unanimité chez les psys qui y voient un étiquetage systématique parfois réducteur.

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De plus en plus souvent demandé par les parents, les écoles ou les médecins, le bilan neuropsychologique permet d’affiner le diagnostic d’un enfant dont les performances scolaires, le niveau de développement ou le comportement posent question. C’est par exemple le cas des enfants qui ont un retard du langage, sont en difficulté pour se concentrer en classe, pour rentrer dans la lecture, ou présentant une grande immaturité affective. Le neuropsychologue va alors s’attacher à investiguer en détail les domaines qui présentent un développement atypique : attention, mémoire, langage, calcul, motricité, organisation mentale… Une batterie de tests et de questionnaires permettra de se prononcer sur un éventuel trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), un trouble du langage ou des apprentissages (dyslexie, dysgraphie, dyspraxie…) ou bien un trouble du spectre autistique (TSA). Le bilan peut aussi venir étayer la mise en place d’aménagements scolaires ou d’orientations spécifiques. Pour un enfant aux compétences intellectuelles préservées, mais souffrant de dyslexie/dysorthographie, cela peut être l’utilisation d’un ordinateur en classe, l’octroi de temps supplémentaire lors des contrôles, la mise en place d’un AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap). Pour un enfant déficient, ce sera peut-être l’orientation vers une classe spécialisée, telle les Ulis (unités localisées pour l'inclusion scolaire) ou bien un institut médico-éducatif (IME).

Le virage neuroscientifique des années 2000

En France, l’essor de la neuropsychologie est tout récent. Les premiers psychologues formés à cette discipline font leur apparition dans les années 1990. Jusque-là, la référence théorique dominante était la psychanalyse qui envisage les troubles dans une perspective globale et environnementale et met l’accent sur le développement psychoaffectif de l’enfant. Avec la montée en puissance des neurosciences cognitives dans les années 2000 et les nouvelles connaissances acquises sur le fonctionnement cérébral, la donne change. Aujourd’hui, l’idée de troubles neurodéveloppementaux, soit liés à un cerveau qui se développe de manière atypique, semble s’imposer peu à peu pour ce qui est de l’hyperactivité, de l’autisme ou des dys par exemple, même si cette thèse reste controversée. Avec l’approche neurocognitive, les tests deviennent un outil privilégié pour détecter et analyser les dysfonctionnements cérébraux. Plus question de sonder les projections inconscientes de l’enfant, mais plutôt d’évaluer, chiffres à l’appui, les performances dans tel ou tel domaine par rapport à une norme définie. Au-delà du simple bilan, le neuropsychologue va tenter de mettre en place des stratégies pour entraîner le cerveau à se réadapter. C’est ce qu’on appelle la remédiation ou restructuration cognitive.

Un bilan en deuxième intention

Le psychologue commence en général par un bilan psychométrique (ou QI). Les tests de quotient intellectuel existent depuis fort longtemps. Les premiers modèles ont été conceptualisés par le psychologue français Alfred Binet en 1905. L’échelle la plus couramment utilisée aujourd’hui est le WISC V (Wechsler Intelligence Scale for Children) publié en 2016 (pour la traduction française). Cette échelle permet de situer l’enfant par rapport à la moyenne des compétences des enfants de sa classe d’âge et de son environnement actuel. L’étalonnage des tests se fait selon les caractéristiques culturelles et exigences scolaires de chaque pays, qui peuvent être très différentes au Canada, en Belgique ou en France par exemple. La norme correspond au score de 100. On parle de déficience intellectuelle en dessous d’un QI de 70, de haut potentiel au-dessus de 130. Mais ces chiffres sont toujours à interpréter avec précaution.