«On prend un p'tit café ?»

On s’y retrouve entre amis, on l’offre à ses invités, il marque les pauses entre collègues et donne de l’énergie dans les matinées hivernales. Qu’il s’agisse du lieu ou de la boisson, le café est synonyme de moments chaleureux. D’où vient ce pouvoir du « petit noir » ?

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Ambiance cosy dans le petit café d’une rue adjacente au canal Saint-Martin. Adossée au mur de papier peint fleuri, une femme s’exclame face à son interlocuteur. Devant deux grandes tasses fumantes, ils passent en revue un manuscrit en débattant. Sur la terrasse, un couple plus âgé contemple le tumulte des passants devant un expresso, en silence. Ces scènes familières évoquent des moments agréables, où l’on ne fait rien d’autre qu’être ensemble, avec un café. « Comment fait-il le lien ? », s’est interrogé le fonds de dotation de l’EHESS. Lors d’une rencontre matinale – autour d’un café –, Éloi Ficquet, anthropologue spécialiste de l’Éthiopie, et Caroline Champion, chercheuse en philosophie esthétique, ont proposé quelques pistes d’explication.

Boisson de la rencontre

Qu’il soit consommé chez soi ou dans le bistro du coin, le café est un « prétexte » social, qui encourage l’échange. Pause entre collègues au travail, rendez-vous amoureux, soirées en terrasse entre copains…, le café impose des moments collectifs. Il est la première chose que l’on offre à ses invités, ses voisins ou ses amis lorsque l’on souhaite discuter, note É. Ficquet. Lorsque sa préparation est « faite maison », il renvoie à un univers familier. En Occident, il est associé à une odeur d’enfance, de pain grillé, aux goûters chez grand-mère ou au petit-déjeuner, énumère C. Champion. Offrir un café, c’est implicitement ouvrir son foyer à autrui et partager cette charge bienveillante. « C’est une boisson de remerciements, de bonnes intentions », développe É. Ficquet. L’anthropologue prévient : le refuser peut nous exposer à une forme de discrimination, tant il est associé au don. En Éthiopie, berceau historique de l’arabica, le café est toujours accompagné d’une bénédiction. À échelle plus large, il est aussi associé au voyage, au commerce et à la découverte de l’altérité. Cultivé en Éthiopie, il transitait ensuite jusqu’au Yémen puis aux pays européens.