S’il y a une pathologie dans laquelle il est important de respecter les rythmes de sommeil, c’est bien la maladie bipolaire », affirme Marc Masson, psychiatre spécialiste de ces troubles 1, et coordinateur médical à la clinique du château de Garches. « Dans les moments de crise, le sommeil est généralement perturbé. » Il serait même un « symptôme-gâchette ». « Lors des phases hypomaniaques, il est généralement raccourci, de trois à quatre heures par nuit, et peut être absent lors des crises maniaques. » Au contraire, dans les phases dépressives, les nuits auraient tendance à se rallonger… En résumé : « Une perturbation du rythme éveil-sommeil est l’un des premiers symptômes d’une rechute. » Comment expliquer qu’il joue un rôle aussi essentiel dans ce trouble ? « On a découvert que chez les bipolaires, l’horloge interne fonctionnait moins bien. Ceux qui en sont atteints sont beaucoup plus sensibles aux décalages horaires quand ils voyagent, et aux nuits blanches en général. » Il est donc essentiel de porter une attention particulière aux facteurs déstabilisants pouvant intervenir dans la vie du patient. « En phase de stabilisation, on recommande de garder un rythme veille-sommeil le plus régulier possible », explique Marc Masson. Ce qui peut éventuellement se voir renforcé par des « stratégies médicamenteuses adaptées », c’est-à-dire un traitement d’appoint avec mélatonine, voire des somnifères pendant quelques jours, tout du moins le temps de retrouver un rythme régulier. Tout pour que les grands changements de vie et de rythmes, qui ne manquent pas de s’imposer à chacun, ne viennent pas dérégler celui du sommeil… Mieux vaut également prendre en compte le profil du patient en la matière : petit dormeur (quatre ou cinq heures de sommeil par nuit), moyen dormeur (six à sept heures), ou gros dormeur (neuf à dix heures). « Et à partir de là, il faut tout faire pour le respecter. » D’où l’intérêt de la psychoéducation qui permet aux patients de mieux comprendre leur trouble, le rôle du sommeil dans une éventuelle rechute. Les changements de rythme pourraient aussi parfois provoquer l’entrée dans la maladie.
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Les rythmes de l'enfant
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