Pervers

Pervers. Nous sommes tous des déviants sexuels ! , Jesse Bering, H&O, 2016, 350 p., 21 €.

« Vous êtes un déviant sexuel. Un pervers jusqu’au bout des ongles, complètement. » C’est avec ces mots que le psychologue américain Jesse Bering commence cet ouvrage. Le ton est donné ! J. Bering sait manier le verbe, son écrit est plaisant à lire, souvent drôle et surtout très provocateur. Il démarre avec un descriptif des paraphilies, pratiques sexuelles hors-norme, toutes plus surprenantes les unes les autres. Vous doutiez-vous seulement un instant que certains parmi nous sont irrésistiblement attirés par les personnes amputées d’un membre vital (les acrotomophiles), là où d’autres ne peuvent atteindre le septième ciel qu’en tombant d’un escalier (les climacophiles) ou encore à l’intérieur des crevasses ou des gouffres (les chasmophiles) ? Le credo de J. Bering, c’est de dire que les paraphilies, parmi lesquelles on trouve aussi la pédophilie ou le sadomasochisme, ne sont pas des maladies, mais tout simplement des tendances sexuelles peu fréquentes. Pour les juger, nous devrions nous baser uniquement sur le préjudice subi par les autres. Notre provocateur laisse alors entendre, en se basant sur une étude américaine très contestée, que les victimes des pédophiles pourraient ne pas subir systématiquement un préjudice. Il donne aussi l’exemple d’un club de nécrophiles qui font don de leur corps à un de leurs membres après leur décès. Y a-t-il un préjudice quelconque dans ce cas, interroge J. Bering ? Puis, ce voraréphile dont la passion sexuelle consistait à dévorer sa proie. Sa victime, après tout, était un homme volontaire recruté sur Internet en toute connaissance de cause.