Peut-on guérir de l'autisme ?

Fernando est un jeune autiste, dont parle avec beaucoup d’émotion Jacques Hochmann dans son Histoire de l’autisme (1). L’enfant a été dépisté assez tôt et pris en charge depuis l’âge de six ans. Il a passé sa jeunesse entre sa famille et une institution lyonnaise spécialisée. Arrivé à l’âge adulte, Fernando a alors été intégré dans un atelier protégé où il travaillait avec d’autres handicapés. Ce fut un choc. A partir de ce moment, il a subi les moqueries de ses camarades de travail. Jusque-là, il avait été mêlé à d’autres autistes, sa famille ou un personnel dévoué. Pour la première fois, il découvrait un autre milieu, hostile. Un jour, il vient voir sa thérapeute pour lui demander de l’aide. « Je voudrais que tu m’aides à sortir de l’autisme » (2).

Peut-on, comme le voudrait Fernando, « sortir de l’autisme » ?

La question du traitement confronte les parents, les thérapeutes et les autistes eux-mêmes à une question cruciale : l’autisme est-il une maladie que l’on peut espérer soigner ? La prise en charge vise-t-elle la guérison de l’autiste ? Malheureusement, la réponse est non.

Concernant les traitements pharmacologiques, le constat est unanime : aucun médicament ne prétend soigner l’autisme. On utilise des anxiolytiques pour calmer les crises d’angoisse et les comportements d’automutilation, tandis que les neuroleptiques et certains antipsychotiques sont préconisés dans les cas de comportements violents et les phases d’agitation extrême. D’autres sont prescrits contre les crises d’épilepsie parfois associées à l’autisme. Mais tous ces médicaments diminuent les symptômes, aucun ne prétend guérir.

Dans un film consacré à sa sœur autiste, l’actrice Sandrine Bonnaire a dénoncé l’abus de prescriptions médicamenteuses. Il est vrai que certains médicaments ont véritablement « assommé » les autistes, les transformant en zombies errant dans les couloirs de l’hôpital psychiatrique. Mais l’usage de tels traitements n’est pas, comme on l’a dénoncé, le fait d’un aveuglement idéologique envers l’approche pharmacologique. Dans la plupart des cas, c’était la seule alternative à l’agressivité et aux automutilations. Aujourd’hui on sait mieux doser les psychotropes, et de nouvelles classes de médicaments sont apparues. Toutes les équipes de soins, qu’elles soient d’orientation psychanalytique ou non, y ont recours.

publicité

Les traitements psychothérapeutiques

La prise en charge des autistes a beaucoup évolué ces dernières décennies. Pendant longtemps, leur sort se résumait à une alternative : la famille ou l’asile. La prise en charge familiale étant lourde et demandant un dévouement extrême, beaucoup d’enfants finissaient reclus dans une chambre à l’écart du monde. D’où les nombreux abandons et cas de maltraitances. A la campagne, on leur confiait parfois quelques tâches domestiques. Certains devenaient « l’idiot du village ». Les cas les plus lourds étaient abandonnés aux asiles, devenus hôpitaux psychiatriques ; parfois, on les retrouvait dans les maisons de retraites ou les orphelinats.