Allégé de son fardeau moral, exempté des chaînes matrimoniales, délivré du risque génésique, le sexe de l'individu moderne aurait pu devenir un organe d'usage aussi peu problématique que celui de la main ou du pied. Mais il n'en est rien et ? symptôme révélateur ? le nombre des spécialistes qui se penchent à son chevet ne cesse d'augmenter.
Ethnologues, sociologues, historiens, juristes et même philosophes ne dédaignent plus d'accorder à l'acte sexuel une attention érudite et des réflexions soutenues. Les publications abondent, souvent soucieuses d'éclairer les débats soulevés par une actualité récente : l'application d'une loi nouvelle sur le racolage prostitutionnel, la répression de l'abus de mineur ou le harcèlement sexuel, la célébration d'un mariage homosexuel, la déconfiture d'un procès en pédophilie. L'unité du sujet est difficile à saisir à moins de prendre ses distances avec les faits, et d'accepter que le fond du problème réside dans la conception que l'on se fait du « juste » et du « bien ».