La psychologie de la santé a officiellement été créée en 1979 par l’Association américaine de psychologie (APA), et ses principales orientations ont été précisées en 1985 : contribuer à la prévention, au diagnostic et à la prise en charge de la maladie ; étudier les facteurs psychologiques, sociaux, émotionnels et cognitifs qui jouent dans les comportements de santé et de maladie ; développer les connaissances dans le domaine de l’étiologie des maladies et des facteurs qui protègent la santé.
La psychologie de la santé s’est organisée autour de plusieurs axes principaux :
• La promotion des comportements et styles de vie sains. Cet axe porte sur les comportements à risques dans la survenue de différentes pathologies : cancers, sida, maladies cardiovasculaires d’une part ; et sur la prévention et la promotion de styles de vie sains, notamment par rapport au tabac, à l’alcool, aux drogues, etc. d’autre part ;
• Les différentes maladies. Qu’il s’agisse de maladies aiguës ou chroniques, celles-ci sont envisagées sous l’angle des mécanismes psychosociaux, de l’impact du traitement et de la prise en charge des patients, et ce sous différents angles et selon l’évolution de la maladie : compliance, relations soignants-soignés, soins palliatifs ;
• Les comportements des malades. Cet axe porte particulièrement sur les stratégies d’adaptation et le coping, la qualité de vie des malades, la gestion du stress et le soutien social.
Les principaux modèles en psychologie de la santé
La théorie de l’action raisonnée - Le modèle de l’action raisonnée (TAR) d’Icek Ajzen est fondé sur le postulat selon lequel on ne peut comprendre l’émergence des comportements de santé qu’à la condition d’inscrire les croyances et les décisions des individus dans leur contexte psychosocial (fig. 1).

Dans ce modèle, l’intention est considérée comme le déterminant immédiat du comportement. Elle est elle-même déterminée par deux autres éléments : l’attitude vis-à-vis du comportement et la norme subjective. L’attitude est à la fois déterminée par les croyances relatives aux conséquences que pourra avoir le comportement (effets secondaires, incapacités…), ainsi que par l’évaluation du sujet (s’il pense que cela vaut la peine, s’il pense que le préjudice causé sera trop important…). La norme subjective s’inscrit dans un processus psychosocial où les parents, les amis ou toute personne relevant du groupe de référence de l’individu sont susceptibles d’inciter les sujets malades à adopter un certain type de comportements (suivre un régime par exemple afin de perdre du poids). Cette norme subjective est donc pour une large part déterminée par un processus de conformisation où l’individu va manifester des conduites socialement désirables.
La théorie de l’action raisonnée a largement été appliquée dans la prédiction de comportements de santé en tous genres, comme l’incitation à utiliser des préservatifs, l’encouragement à faire don de son sang ou encore la prise de décision liée à l’avortement.
Le processus d’action sur la santé - Le processus d’action sur la santé (health action process approach, HAPA) est un modèle théorique élaboré dans le but de déterminer le poids des croyances sur l’efficacité personnelle (la croyance en ses aptitudes à s’en sortir) par rapport aux autres variables relatives à la santé. Une attention toute particulière a ici encore été portée sur le lien entre les intentions comportementales et les actions effectives des sujets (fig. 2).

L’apparition, l’adoption et le maintien des comportements de santé sont constitués de deux phases : la phase motivationnelle et la phase d’action volontaire.
La phase motivationnelle se construit à partir de paramètres divers tels que la menace perçue, les croyances relatives aux conséquences du comportement et aux attentes d’autoefficacité que crée une intention (choisir de suivre un traitement).
La phase de l’action volontaire débouche sur des actions effectives. Elle comporte trois niveaux : cognitif (élaboration de plans d’action et contrôle de l’action), comportemental (action) et situationnel (obstacles et ressources extérieurs) qui vont favoriser ou non l’émergence de l’action (prise médicamenteuse et maintien du choix).
Le concept d’autoefficacité est également primordial dans ce modèle : il a non seulement une influence sur le processus de décision mais également sur le commencement et sur la continuité de l’action. Quoique présentant un intérêt indéniable, il décrit les contours d’un individu rationnel, qui traite de l’information et qui est dépourvu d’émotion et d’irrationalité.