PSYCHOLOGIE & ÉDUCATION

En mars 2001, le gouvernement français publiait un Plan d'action pour les enfants atteints d'un trouble spécifique du langage, tout en reconnaissant la difficulté à définir la nature et les origines de la dyslexie. Ce plan proposait néanmoins de distinguer les troubles légers des formes graves de la dyslexie, insistait sur l'indispensable prévention et le dépistage précoce, et formulait des recommandations en faveur d'une prise en charge spécifique « tout en maintenant l'intégration scolaire la plus large possible de tous les enfants ».

La revue Psychologie & Education a lancé un débat sur ce sujet sensible. Pour le docteur Paul Messerschmith, de l'hôpital Trousseau (Paris), cela ne fait aucun doute. La dyslexie est un trouble spécifique (qu'on ne saurait confondre avec l'illettrisme). Elle a une origine sans doute polymorphe, dans laquelle interviennent des facteurs génétiques et neurologiques, mais qui ne sont pas liés à des facteurs pédagogiques ou socioculturels. Qualifiée de « trouble durable », elle résiste à la pédagogie collective et nécessite une rééducation orthophonique précoce, individuelle, spécifique et intensive. Une étude qu'il a menée auprès de 88 enfants montre que la dyslexie est associée, dans 75 % des cas, à des troubles psychologiques (troubles du sommeil, hyperanxiété...).

Jacques Fijalkow, chercheur à l'université Toulouse-Le Mirail, soutient que la montée de l'approche actuelle, qualifiée d'« organiciste », résulte de la collusion entre des forces sociales nouvelles qui se sont imposées - courant des sciences cognitives, milieu médical, ministère de l'Education nationale, médias et associations de parents de dyslexiques. Une nouvelle orthodoxie se serait ainsi formée, au détriment des courants favorables à une approche pédagogique et sociale (INRP, courants pédagogiques, enseignants) en déclin.

Ce débat bientôt centenaire fera encore couler beaucoup d'encre.

publicité