La confiance est partout. Il suffit d’écouter autour de soi. Ce matin par exemple, le mot est apparu trois fois à la radio durant les informations. Un sondage nous apprend « la baisse de la côte de confiance » du président de la République. Trois minutes plus tard, le chroniqueur annonce que la « Bourse reprend confiance » en repartant à la hausse. Juste après, un coach sportif déclare que son équipe aborde le prochain « match avec confiance ».
Je consulte mes courriels dont un me remercie « de nous faire confiance pour l’organisation de vos vacances ». Un peu plus tard, au bureau, un collègue vient me demander si je veux relire un texte qu’il a déjà corrigé pour publication. « Non, je te fais confiance » : cette, fois, c’est moi qui réponds.
En dépouillant la littérature – abondante – sur le sujet, elle apparaît sous plusieurs visages : la « confiance en soi » (l’une des clés du développement personnel) ; la confiance en autrui (dans le couple, au travail, envers son médecin, l’assistante maternelle de ses enfants) ; la confiance dans les institutions (dans la justice, la politique, les médias). On parle aussi de la « confiance en l’avenir ». Ce n’est pas qu’une question de psychologie collective, les économistes en font l’un des ingrédients de la croissance. Il existe même des « indices de confiance » (celui de l’Insee en France, celui de Michigan aux états-Unis) qui permettent de prévoir si les consommateurs sont prêts à s’endetter pour acheter et les entrepreneurs à investir…
On comprend qu’il faille se pencher sur le phénomène pour en trouver les ressorts. C’est là que les choses se compliquent. Car la notion même de confiance est « fuyante 1 ». Elle peut renvoyer à des sens très différents débouchant chacun sur tout un maquis de théories rivales. En économie, par exemple, la confiance prend au moins trois significations différentes. Aux sources mêmes de la monnaie dite « fiduciaire » (fiducia signifie « confiance » en latin) – il s’agit des pièces et billets de banque – se pose une première question : d’où vient sa valeur ? La confiance que l’on accorde à un bout de papier imprimé est-elle fondée sur une valeur extérieure (comme un titre de propriété) ou n’est-elle que l’effet d’une croyance collective ? L’enjeu n’est pas seulement théorique : on sait que dans toute crise financière, la confiance joue un rôle considérable.
Du point de vue économique, la confiance intervient aussi au niveau des affaires, entre un client et son mandataire (le client et son avocat, l’actionnaire et le manager). La question se pose alors de savoir si l’agent défend bien – ou non – les intérêts de celui qu’il représente 2. La confiance, enfin, c’est le « climat de confiance » qui encourage ou non à dépenser ou à investir : plus le moral est au beau fixe, plus on achète, plus on s’endette ; à l’inverse, le pessimisme rend frileux, on prend moins des risques.
La confiance est donc une notion composite. Il est donc vain, en l’état des connaissances, d’en chercher une définition unique et encore moins une théorie générale. On peut tenter, au mieux, de cartographier les champs de recherche.