Quatre remèdes à la désinformation

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1. Encadrer par la loi

En France, la diffusion de « nouvelles fausses » est réprimée depuis la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Toujours en vigueur, le texte a connu plusieurs évolutions 1. La dernière réside en l’adoption en 2018 de la Loi contre la manipulation de l’information, qui introduit une procédure d’urgence visant à interrompre en moins de 48 heures la publication de « fausses informations » propres à altérer la sincérité d’un scrutin.

Simple en apparence, le recours au levier législatif n’en reste pas moins délicat, comme en témoigne l’ampleur des controverses qu’a suscitées le vote de la loi. « Toucher à la liberté d’expression, c’est risquer d’attenter au cœur même de la démocratie », avertit P. Froissart, professeur en sciences de l’information et de la communication et auteur de La Rumeur (Belin, 2002). Un pays comme la Chine a mis en place un cadre législatif très efficace contre les fausses informations… mais aussi très liberticide.

Trois ans après son introduction, la loi française « anti-fake news » n’a pourtant pas suscité les abus redoutés, rassure Romain Badouard, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, qui n’en reste pas moins vigilant à l’approche des prochaines élections présidentielles : « Qu’aurait-on fait de l’affaire Fillon si la loi actuelle était déjà en vigueur en 2017 ? Les soupçons de détournement d’argent, révélés par les journalistes d’investigation alors qu’aucune preuve formelle n’avait encore été publiée, auraient-ils pu être censurés au titre de fausses informations ? »

2. Associer les plateformes

La loi de 2018 a également permis d’entériner en France un devoir de coopération des plateformes – telles que Facebook, Youtube ou Google – désormais astreints à déclarer annuellement leurs efforts pour lutter contre la désinformation : « Il fallait en finir avec la “posture du plombier” consistant à entretenir les tuyaux de l’information, sans se préoccuper de leur contenu », commente P. Froissart.