Que vaut l’enseignement en France ?

Comment se fait-il que le nombre de bacheliers n’évolue plus depuis dix ans ? Il était passé de 30 à 60 % d’une génération entre 1985 et 1995, période qualifiée des « dix glorieuses » du système éducatif français par les auteurs. La progression s’est brutalement stoppée avec la mise en place de la réforme des lycées et en outre depuis, le nombre des bacheliers des sections générales a diminué (de 38 à 30 % d’une classe d’âge). Christian Forestier y voit le « résultat d’un conservatisme stupéfiant quant à l’idée que l’on se fait de l’excellence » en France.
Président, à la suite de Claude Thélot, du feu Haut conseil de l’évaluation de l’école (remplacé aujourd’hui par le Haut conseil de l’éducation), tous deux ont travaillé entre 2000 et 2005 à développer les outils d’évaluation du système scolaire français, à confronter les recherches et les comparaisons internationales, et ont fourni de nombreux rapports sur les fonctionnements et dysfonctionnements de l’école et de l’université. Sans polémique, ce livre tire des conclusions claires et synthétiques des principaux résultats qui, selon les auteurs, ne sont pas toujours pris en compte dans les choix et les orientations politiques concernant l’éducation. Il clarifie les données sur des points connus ou moins connus : si les sorties du système de jeunes non diplômés sont trop nombreuses, il est aussi insuffisant pour faire face aux besoins d’un pays moderne que seule 20 % d’une génération obtienne un diplôme supérieur long (bac+ 3). D’autant que les comparaisons internationales (enquêtes Pisa) – qui, soulignent les auteurs, rencontrent en France trop de résistances à être prises en compte – montrent un système français qui creuse les écarts entre les performances – élevées pour les bons élèves et très médiocres pour les autres.
Les auteurs s’attaquent aussi à la pratique du redoublement, « véritable génocide culturel », dont toutes les analyses montrent les contre-performances tant au niveau économique qu’à celui des parcours individuels, et pourtant remis au goût du jour dans la dernière loi d’orientation. On trouvera aussi de stimulantes analyses sur les évolutions d’un enseignement professionnel toujours en quête de légitimité, ou sur l’efficacité des pratiques enseignantes. Un ouvrage qui a le mérite de faire un point argumenté sur l’état actuel du système éducatif.