Quelle menace pour l’emploi ?

La mondialisation transfère-t-elle massivement les emplois vers les pays à bas salaires ? Pour l’instant, non. Mais le phénomène des délocalisations semble s’intensifier.

Parmi toutes les peurs qque sucite la mondialisation, celle de voir son poste délocalisé dans un pays du Sud, de perdre son emploi, est tenace. Elle est nourrie notamment par l’explosive croissance chinoise. Pour autant, est-elle bien fondée ? Plusieurs angles d’attaque sont envisagés ici.


• Statistiquement : non. Aucune étude ne démontre de façon convaincante des pertes nettes d’emplois importantes associées au commerce international ou aux délocalisations. En France, seuls 4 % des investissements à l’étranger correspondraient effectivement à des délocalisations selon la DREE. Tandis que l’Insee montre que les délocalisations (y compris la sous-traitance) détruiraient 13 500 emplois par an, chiffre négligeable au regard des 10 000 emplois détruits chaque jour ouvrable par l’économie française.


• Théoriquement : non. Car c’est le jeu normal de la spécialisation des économies. Le Sud capte l’essentiel des productions traditionnelles (textile, cuir, chaussure, électronique grand public, etc.) car il a une structure économique adaptée à ce type de production, qui demande beaucoup de main-d’œuvre et peu de technologie innovante. Le Nord se concentre sur les activités élaborées qui réclament technologie et savoir-faire. Les facteurs de productions libérés dans les secteurs importateurs sont alors récupérés par les secteurs exportateurs en pleine croissance, garantissant ainsi le plein-emploi.