Magellan passe pour le premier navigateur à avoir accompli le tour de la Terre en 1522. Nous savons pourtant qu’il n’en est rien : parti d’Espagne, il mourut à mi-route, aux Philippines. Romain Bertrand, en nous invitant à une plongée dans les eaux troubles du mythe, remet en perspective ce récit eurocentré. Magellan ne cherchait pas à faire le tour de la planète. Le monde était alors scindé en deux : à l’ouest les territoires destinés à l’Espagne, à l’est les futurs fiefs du Portugal. L’ambition de Magellan était de contourner les Amériques et d’atteindre les îles Moluques, cœur battant du commerce des épices, afin de prouver qu’elles se trouvaient dans la moitié espagnole du globe, et qu’elles appartenaient à son sponsor, suffisamment alléché pour parier cinq bateaux dans une entreprise insensée. Mais les instructions étaient claires : il ne fallait pas entrer dans la zone portugaise, grossièrement entre l’Afrique et les Indes. Le faire eut été un casus belli, et Magellan, Portugais passé au service des Espagnols, n’aurait pas outrepassé ces ordres ; il connaissait le sort réservé aux renégats.
Qui a fait le tour de quoi ?
Qui a fait le tour de quoi ? L’affaire Magellan, Romain Bertrand, Verdier, 2020, 144 p., 14,50 €.