Est-on en mesure d’estimer le nombre de convertis à l’islam en France ?
La sociologie des religions, à ses débuts, s’est investie dans les études quantitatives ou statistiques des pratiques religieuses. La difficulté est double lorsque l’on évalue ces recherches. Peut-on s’entendre sur les critères qui définissent l’appartenance à une religion ? Est-il possible d’élaborer une méthode sociographique fiable lorsque l’on veut analyser les mutations qui affectent le champ des appartenances religieuses ?
En ce qui concerne l’islam, nous pourrions enquêter à partir des registres des « entrées » en islam, quand ils existent. Nous pourrions aussi nous intéresser aux origines des pratiquants au sortir des mosquées, après la prière du vendredi ou au moment des grandes fêtes. Une autre approche consisterait à s’informer auprès des responsables religieux musulmans et chrétiens afin de collecter leurs avis. Par contre, il est utopique de faire enquête auprès des familles des convertis, et a fortiori auprès des convertis eux-mêmes. D’ailleurs, bon nombre de conversions, du christianisme vers l’islam ou de musulmans vers une autre religion, se font dans le plus grand secret.
Les évaluations avancées depuis les années 1980 oscillent entre plusieurs centaines de milliers, lorsque l’on s’appuie sur les dires de certaines autorités religieuses musulmanes, et plusieurs dizaines de milliers lorsque l’on interroge des autorités religieuses chrétiennes. Notre avis est que le nombre de conversions, dans les deux sens, ne cesse d’augmenter.