Elles sont devenues un élément ordinaire du paysage des villes et villages de l’Hexagone. La France compte plus de 10 000 exemplaires (contre seulement 2 000 en 2017) de ces étagères installées en plein air permettant de déposer ou d’emprunter gratuitement des livres. Dans une enquête inédite, le sociologue Claude Poissenot révèle que les usagers de ces boîtes à livres sont à 81 % des femmes, assez âgées et vivant en ville. Plus des trois quarts des utilisateurs ont fréquenté au moins un établissement d’enseignement supérieur et seuls 9 % d’entre eux n’ont ni acheté ni emprunté de livres dans l’année. « Comme le veut le principe de cumul des pratiques culturelles, toute nouvelle offre (ici de livres) bénéficie d’abord aux catégories qui en sont déjà familières », analyse le sociologue.
Pour autant, les boîtes à livres produisent un effet de démocratisation. Parmi les usagers ayant quitté le système scolaire avant le supérieur, 37 % n’empruntent jamais en bibliothèque, 6 % n’achètent jamais de livres neufs et 18 % ne font ni l’un ni l’autre. Suivant le niveau d’études, l’appropriation des boîtes à livres est très différente : la moitié des détenteurs d’un titre de l’enseignement supérieur déclarent déposer des livres pour s’en débarrasser et faire de la place chez eux alors que c’est le cas de moins d’un tiers des moins diplômés. « Cette plasticité des boîtes à livres à des publics et des usages variés forme sans doute la principale source du succès de ce dispositif », conclut Claude Poissenot.
SOURCE
• Claude Poissenot, « Usages et usagers des boîtes à livres », Centre de recherche sur les médiations (Crem)/université de Lorraine, 2024.