Quitter la ville

Le retour à la nature imprègne l’imaginaire d’une majorité de Français. Pour autant, est-il réellement la promesse d’un avenir meilleur ?

Tout plaquer pour changer de vie en s’installant à la campagne : voilà, semble-t-il, le rêve secret partagé par 7 millions de citadins en France. Les Français qui se mettent au vert sont de plus en plus nombreux, au point de constituer un phénomène de société. En se mettant au travail à distance, en faisant des déplacements quotidiens vers les villes, ou même en exerçant pleinement leur activité à la campagne, les néoruraux cherchent à réaliser une utopie de liberté et d’épanouissement personnel qu’ils ne trouvaient pas en ville. Mais qu’y trouvent-ils réellement ?

Les faits sont là : selon un rapport remis au Sénat en 2008, l’espace rural français connaît un renouveau démographique. Depuis 1975, on assiste en effet à l’augmentation globale de la population rurale du pays. Avec un solde migratoire désormais positif, le taux de croissance de la population a atteint 1,3 % en 2005 contre 0,5 % en 1999 pour l’ensemble des communes de 2 000 habitants – soit trois fois plus que pour les communes urbaines (le taux de croissance de celles-ci étant passé de seulement 0,3 % à 0,5 % sur la même période). Ainsi, en 2003, on comptait 2 millions de migrants vers les campagnes, soit 4,2 % de la population française, et ce chiffre a augmenté depuis. Selon une enquête Ipsos de 2010, le nombre de ménages et leurs revenus, entre 2002 et 2007, ont même augmenté plus vite dans l’espace rural que dans les villes, ce qui est une nouveauté. Il s’agit certes d’une moyenne. En réalité, certaines zones à dominante rurale sont plus attractives, alors que d’autres, plus isolées, subissent un processus croissant de désertification (zones reculées de montagne, Bretagne centre…).