Réguler la fécondité, un enjeu global

Maîtriser la fécondité, promouvoir la santé maternelle et encourager l’émancipation des femmes dans les pays en développement. Ce n’est qu’à partir de 1994 que ces principes se sont véritablement diffusés dans le monde, après trente ans de débats.

La peur de l’explosion démographique mondiale devient un lieu commun en Occident, très exactement le 13 janvier 1960 avec une couverture terrifiante de l’hebdomadaire Times entassant des femmes de tous les continents, chargées d’enfants, en costume traditionnel, l’air abattu par leurs maternités et reléguant aux bords de la photo deux mères blanches épanouies avec leurs seuls deux enfants et un chariot de supermarché. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les pays « industrialisés » pensaient pourtant que la population du reste du monde stagnait. En 1925, Raymond Pearl, fondateur de l’Office of Population Research de l’université de Princeton et premier président de l’Union internationale des démographes publiait un ouvrage dans lequel il prévoyait une stabilisation de la population mondiale à 2,1 milliards d’habitants en 2100 et, dans un chapitre spécial, chiffrait la population indigène d’Algérie à 4,4 millions au même horizon  1. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Occident prend lentement conscience de la croissance du tiers-monde, comme le nommera Alfred Sauvy, car il est surtout surpris par l’ampleur de son baby-boom. Progressivement, à mesure que les observations statistiques s’affinent, on se rend compte que la croissance s’accélère en Asie et en Amérique latine. À l’échelle mondiale, le taux annuel de croissance passe de 1,75 % en 1955 à 1,9 % en 1960, puis culmine à 2,1 % en 1968 avant d’amorcer une légère décrue. Actuellement, la population mondiale dépasse les 7,3 milliards d’habitants et la population algérienne a passé la barre des 40 millions d’habitants au cours de l’année 2015, rendant définitivement caduques les projections du début du siècle dernier.