Robert Emerson Lucas (1937-) Thomas Sargent (1943-) La nouvelle macroéconomie classique

Parce qu’elles sont prévisibles par les agents, les politiques monétaires et budgétaires ont toutes les chances d’être inefficaces, voire désastreuses selon Robert Emerson Lucas et Thomas Sargent.

Économistes américains, Robert E. Lucas et Thomas Sargent, sont tous deux lauréats du prix Nobel d’économie, obtenu en 1995 pour le premier et en 2011 pour le second. Ils se sont principalement illustrés grâce à leurs réflexions sur les anticipations rationnelles, concept qu’ils n’ont pas forgé eux-mêmes mais qui leur a permis de façonner ce que beaucoup de leurs pairs considèrent comme un nouveau paradigme pour analyser les phénomènes économiques à un niveau global. Principales figures de la nouvelle macroéconomie classique, les deux économistes ont publié ensemble un ouvrage, Rational Expectations and Econometric Practice : a Book of Readings (1981), qui rassemblent les articles fondateurs de ce courant.

Anticipations rationnelles

La paternité de la notion d’anticipation rationnelle revient à l’économiste américain John Muth (1930-2005), qui en parle pour la première fois en 1961. Mais c’est R. Lucas qui va la populariser à partir des années 1970. Elle se définit comme le fait, pour les agents économiques, d’être globalement capable de mobiliser toutes les informations disponibles et d’anticiper les événements à venir avec une faible marge d’erreur. Les agents « connaissent la vraie loi de probabilité des prix pour toutes les périodes futures », affirme l’économiste, si bien qu’ils formulent des prédictions éclairées sur le contexte économique futur. La grande nouveauté est d’intégrer le fait que les agents ont une connaissance assez fine du fonctionnement de l’économie et ne gaspillent jamais l’information dont ils disposent. T. Sargent précise que ce qui « arrive effectivement n’est pas significativement différent (de façon régulière et prévisible) de ce à quoi les gens s’attendent ». Mais les agents n’en sont pas moins soumis à des chocs aléatoires et imprévisibles : le fait de ne pas être de parfaits prédicteurs les conduit parfois à faire des erreurs, lesquelles demeurent néanmoins ponctuelles et immédiatement corrigées.