Le télétravail s’est largement développé durant la crise sanitaire. Son essor s’accompagne-t-il d’un brouillage des frontières avec le statut d’indépendant ?
Deux éléments peuvent effectivement accélérer ce brouillage. D’abord, du côté du salariat, la mise en place du télétravail au sein d’une organisation peut contribuer à développer cette injonction à l’autonomie que l’on observe depuis le tournant des années 1990. Dans ces conditions, le contrôle du travail ne se fait plus de visu – par supervision directe – mais relève davantage d’une culture du résultat. Les salariés échappent ainsi, en partie, au lien de subordination.
Pour reprendre notamment les analyses développées par Sophie Bernard dans Le Nouvel Esprit du salariat (Puf, 2020), on peut dire que l’autonomie permise par le télétravail contribue, au sein de l’organisation, à développer une responsabilisation des salariés et une intériorisation du contrôle. D’ailleurs, de nombreux salariés qui ont découvert le télétravail pendant la crise sanitaire affirment se sentir « plus productifs ». Cette autonomie est aussi recherchée par les salariés au nom d’une meilleure articulation entre leur vie privée et leur vie professionnelle.