Sauver les bibliothèques en péril

Les trésors de huit bibliothèques du Proche-Orient sont enfin disponibles en ligne grâce au soutien de la Bibliothèque nationale de France.

Feu, eau, gaz, chaleur, poussière, négligence, ignorance, bigoterie, insectes, serviteurs et enfants : en 1880, le bibliophile William Blades dresse la liste effrayante des dangers qui guettent les livres. Des dangers aux conséquences longtemps négligées : en 1988 encore, le terrible incendie de la bibliothèque de l’Académie des sciences de Leningrad, qui détruit près de 4 millions de documents, passe quasiment inaperçu. Mais les choses changent depuis l’affaire de Tombouctou.

Les manuscrits de Tombouctou

En 2012, lors de l’occupation de la ville par les jihadistes, les habitants craignent pour l’avenir de leurs précieux manuscrits, rédigés entre le Moyen Âge et le 20e siècle par les notables convertis à l’islam. Devant la menace, les ouvrages sont exfiltrés à Bamako. Malgré l’enthousiasme soulevé par ce sauvetage, l’avenir de ce patrimoine inestimable n’est toutefois pas réglé. Des campagnes ont été menées depuis plusieurs décennies pour cataloguer et microfilmer (puis numériser) certains fonds, publics ou privés. Mais ces efforts butent sur de nombreux obstacles : absence de catalogage systématique, désaccords sur l’avenir des manuscrits, interrogations sur la gestion des droits patrimoniaux, etc.