L’avènement des romans policiers et d’espionnage est lié à la montée en puissance des États-nation à la fin du XIXe siècle. C’est la thèse pour le moins originale que soutient Luc Boltanski, en prenant appui sur les histoires de Sherlock Holmes.
En effet, le détective soutiendrait le projet de l’État-nation qui s’affirme à cette époque en Europe : se porter garant d’une réalité ordonnée et prévisible mais néanmoins inégalitaire. Car au sein de cette réalité coexistent plusieurs classes sociales qui entretiennent des rapports différents avec la légalité. Ainsi, les domestiques se doivent de respecter la loi à la lettre ou seront automatiquement dénoncés par leurs maîtres. Ils sont de toute façon toujours suspectés du pire. Au contraire, les maîtres sont autorisés à s’écarter de la lettre de la loi pour mieux en respecter l’esprit.