De nombreux enseignants font preuve de détermination et d’imagination pour soutenir les élèves en difficulté ; ils cherchent les outils et les gestes susceptibles de les aider dans leurs apprentissages. Comment font-ils réussir les élèves ? Une équipe de chercheurs pluridisciplinaire (sciences de l’éducation, sciences du langage, sociologie, économie) 1 s’est emparée de cette interrogation. Plus précisément, elle s’est efforcée d’expliquer de quelle manière les élèves s’emparent – ou non – d’un même soutien et ce qu’ils en font. Six établissements de l’enseignement secondaire leur ont ouvert leurs portes, durant deux années : trois établissements appartiennent à la Fespi (encadré ci-dessous), deux sont des « ex-internats d’excellence » (encadré ci-dessous), le dernier est situé en RRS (réseau de réussite scolaire). Tous proposent des dispositifs de réussite à des élèves aux profils contrastés.
Dans ces établissements, les enseignants, CPE (conseillers principaux d’éducation), documentalistes, Copsy (conseillers d’orientation psychologues) coopèrent au-delà de ce que l’on observe habituellement. Le travail en équipe, les échanges de pratiques, les espaces collégiaux de décision permettent le fonctionnement dans un projet commun : la réussite de tous les élèves.
Mais il ne suffit pas de mettre en place des dispositifs et de revendiquer un collectif pour qu’il y ait apprentissages… En témoignent les données collectées et analysées (entretiens, observations, documentation, productions des élèves) par cette équipe de chercheurs.
Des réussites plurielles
La question « Comment font-ils réussir les élèves ? » en amène nécessairement une autre : « Qu’est-ce que la réussite ? » Acteurs de terrain et chercheurs s’accordent sur le fait que la réussite a des sens différents. Dit autrement, les élèves, eux aussi pluriels (en termes d’engagement dans le travail, d’estime de soi, de connaissance des codes de l’école, d’âge, d’origine sociale et économique, etc.) sont en réussite de différentes façons.
La réussite est d’abord scolaire : elle s’appréhende non seulement par les notes, le passage en classe supérieure, l’obtention du diplôme national du brevet et du baccalauréat, le maintien dans la scolarité, mais aussi par l’orientation en fin de cycle. La réussite scolaire prend son sens dans le parcours d’un jeune : par exemple, celle d’un adolescent décrocheur ne sera sans doute pas la même que celle d’un enfant d’immigré comorien de première génération ou d’un élève en classes préparatoires. Mais la réussite ne se limite pas aux résultats scolaires ; elle est aussi éducative. La réussite éducative, c’est la capacité de l’élève à construire un projet personnel réaliste, lui donner une forme et assumer avec sérénité une poursuite d’études et, plus largement, l’avenir. C’est aussi reprendre confiance en soi et trouver une place – sa place – reconnue et valorisée par l’élève, ses parents, ses enseignants, ses pairs. C’est également reconnaître que les professionnels de l’éducation sont là pour aider, accompagner et soutenir ; c’est parvenir à comprendre les exigences du métier d’élève et ce que signifie « apprendre » ; c’est encore s’émanciper intellectuellement.